societas

institution culturelle des normes sociales

En raison de la colonisation progressive de la planète Terre par le genre humain, le globe terrestre est désormais occupé par des populations humaines, qui se distinguent par leurs cultures respectives et leur type d’association. Les sociétés humaines régulent les comportements collectifs et les actions individuelles en instituant des règles culturelles. Ces normes répondent à toutes sortes de perturbations par le moyen d’interprétations symboliques des événements perturbants, consignées dans des mythes et concrétisées par des rites. Il y a une extrême diversité des pratiques culturelles et cultuelles, tout autant que des interprétations symboliques qui leur donnent sens en forgeant mythes et rites en corrélation. Tous les domaines de la vie humaine, depuis l’élément le plus naturellement physiologique, et tous les plans de l’existence, jusqu’au niveau le plus culturellement spirituel, sont couverts et investis par l’élaboration collective de significations, qui préparent et désamorcent par avance l’expérience de l’altérité et de l’adversité, en contenant l’effet de surprise provoqué par les inévitables perturbations chaotiques des habitudes.

Chaque culture humaine organise ainsi les mouvements humains en instituant des règles de comportement normal. La société humaine s’organise à travers des institutions qui définissent des règles contraignantes. La fonction de toute institution est d’ordonner un aspect de la vie sociale. En latin, l’institutio est un dispositif (par exemple en matière d’éducation) qui règle une manière de procéder conformément à un usage établi ou fondé sur des principes. La mise en place ou fondation (instituo), qui établit cet usage en habitude, institue cette manière d’agir réglée (institutum) en règle fondamentale de l’institution. Les règles sociales font système pour prévenir des mouvements irréguliers, qui pourraient mettre en péril le groupe humain. La régulation des mouvements passe par la canalisation des émotions qui mettent les êtres humains en mouvement. Cette régulation préventive est assurée par le moyen de prescriptions sociales, qui sont justifiées par des interprétations culturelles de la signification des activités humaines. Avant même que des sanctions ne punissent l’infraction d’une règle sociale, ce sont donc les interprétations, transmises par l’éducation, qui régulent au préalable les émotions et les actions humaines au sein d’un groupe.

La conformation culturelle des activités se produisant à tous les niveaux de la vie sociale, la culture configure donc tous les rapports constitutifs du groupe. À tort pensée comme identité, alors qu’elle est toujours différentielle, la singularité culturelle du groupe se définit par le rapport à l’altérité, qu’il invente et développe selon les multiples dimensions interconnectées de l’altérité : la nature, les autres animaux, les autres cultures, les autres individus du même groupe et l’autre sexe en général. Ces différentes déterminations sont des moments analytiques de l’être-humain dans un monde institué au sein de la nature, moments qui se déterminent mutuellement. L’économie d’un groupe social ne détermine pas seulement le type du rapport économique à la nature en fonction du développement de la culture technique, elle détermine aussi la personnalité, singulière ou non, de l’être humain en structurant son intégration sociale. En corrélation avec le rapport du groupe social à la nature comme milieu de vie conditionnant l’activité économique, l’être humain développe un rapport culturel à l’être comme nature et à sa propre naturalité (comme corps, sexué). La détermination du rapport de l’être humain à la nature affecte ainsi la détermination du rapport de l’être humain à son propre être et à l’être des autres, qu’il fantasme l’être de soi-même et d’autrui comme naturel, ou le reconnaisse au contraire comme culturel. Le rapport à l’altérité humaine est déterminé selon une triple dimension :

1. rapport socialisé à l’autre sexe,
2. rapport au groupe propre et aux individus de ce groupe selon le type de formation sociale (tribu, clans, castes, classes)
et 3. rapport aux autres groupes (échange entre amis ou guerre avec les ennemis).