le cercle comme modèle politique

Figure de la perfection, le cercle ferait fonction de modèle.
Modèle politique, le cercle dessinerait le contour d’une politique modèle.

Il s’agirait d’établir de quelle manière l’idéalité mathématique du cercle sert de paradigme à la représentation idéale de l’espace politique, c’est-à-dire à la configuration symbolique de l’idéal politique. Il est donc question de la représentation (du) politique en tant qu’elle se manifeste au travers d’une configuration symbolique de l’espace politique de la Cité qui suppose une forme d’idéalisation. Car, telle est l’hypothèse, cette idéalisation impliquerait une politique modèle et utopique qui pourrait bien s’avérer fatale à ne pas apercevoir le cercle vicieux qui l’abîme.

La réflexion sur la signification symbolique du cercle permet de s’expliquer, au préalable, l’extrapolation indue de cette figure géométrique dans l’herméneutique philosophique: le cercle ne marque-t-il pas le mythe du savoir absolu, reclus sur lui-même dans l’exclusion de l’autre?

La déconstruction de la figure du cercle herméneutique aboutit à une réflexion politique qui entend démonter la fiction du centralisme démocratique, lieu de captation du pouvoir. Le Panopticon (1791) de Bentham, analysé par Foucault, symboliserait la quadrature pyramidale du cercle démocratique. Loin de fonctionner comme l’idéal régulateur du perfectionnement, l’utopie circulaire trahirait en effet le programme d’une politique parfaite qui, ne laissant aucune place à l’imperfection humaine, condamnerait ce projet utopique à se réaliser aux antipodes du modèle originel. Loin d’être un garant d’égalité démocratique par la symétrie qu’il instaurerait entre les individus, le cercle pourrait bien s’avérer être la figure de l’oppression parfaite: celle fondée sur l’autodiscipline de ceux qui, à la périphérie, veulent croire que le centre est commun, alors qu’il est en réalité monopolisé par un petit nombre de gardiens des privilèges d’une minorité. Le cercle, figure de la perfection, se révèlerait être la figuration idéologique de la parfaite dissimulation de la structure pyramidale de la domination. La pyramide manifesterait ainsi la vérité du cercle, c’est-à-dire du projet totalitaire d’encerclement total des forces (adverses), l’utopie d’une abolition totalitaire des rapports de force, de la lutte des classes et de la résistance. Le dispositif pyramidal ferait voler en éclat la fiction du cercle démocratique.

Le modèle du cercle

publication à venir.©, Christian Ferrié, cféditions, 2020