les sens de l’inconscient
Contrairement aux autres items, qui donnent lieu à des antinomies sur les sens des notions (politique, culture, société, etc.), la réflexion sur les sens de l’inconscient vise à analyser, non la contradiction, mais la tension entre les approches sociologiques et psychanalytiques de l’inconscient.
La manière dont cette tension se manifeste dans l’œuvre de Pierre Clastres est tout à fait instructive. L’étude sur Les sens de l’inconscient dans ses ouvrages permet de préciser les enjeux du dialogue entre l’ethnologue et les auteurs de L’Anti-Oedipe, Deleuze et Guattari, avant de problématiser le sens de sa furtive référence à Freud en précisant la distance prise par Clastres à l’endroit de Durkheim et Lévi-Strauss (p. 2).
Il peut paraître paradoxal de partir d’une analyse ethnologique des sociétés primitives pour penser ce qu’il en est de l’inconscient. Menée sous la forme d’un essai à partir de Clastres, la réflexion sur Le mouvement inconscient du politique (2017) s’est pourtant engagée sur cette voie de traverse semée d’embuches. Il conviendrait de clarifier les tenants et les aboutissants de cette étude du corpus clastrien. Car il s’y joue une refonte de l’interprétation sociopolitique du combat de géants entre Thanatos et Éros, qui est à l’origine d’un bouleversement de l’axiomatique pulsionnelle de Freud (p. 3), tout en présupposant la notion d’inconscient collectif, dont il s’agirait d’esquisser une théorie critique (p. 4).
L’ensemble repose ainsi sur une analyse du corpus de Freud, qui provoque non seulement, à l’occasion de son application aux ressorts de la politique primitive, un bouleversement de son axiomatique pulsionnelle, mais permet également, à propos des sociétés contemporaines, l’analyse du symptôme actuel du narcissisme identitaire, dont il s’agirait de retracer la genèse à partir d’une élucidation serrée du rapport entre pulsion de mort et masochisme originaire, qui s’inspire d’une lecture de l’œuvre de Nathalie Zaltzman.