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le sens polémique de la guerre de soumission nationalraciste

La fatale confusion des communautés tribales et des prétendues communautés raciales pourrait amener à justifier la guerre d’intégration ou la guerre d’anéantissement à l’époque moderne, et ce en s’entretenant du mythe d’une communauté originaire qu’il s’agirait, contre tout mélange « racial », de rétablir en sa pureté (guerre d’anéantissement), ou dont il s’agirait d’établir la soumission (guerre d’intégration à « la » civilisation). C’est l’enjeu actuel de cette discussion qui, récemment, a vu émerger le motif polémique d’un conflit des civilisations.

Récusant l’opposition entre communauté et société, mise en place par Ferdinand Tönnies (1880), Carl Schmitt interprétait en ce sens l’avènement de l’État total, au début du xxe siècle, comme une réaffirmation de la communauté contre la société plurielle et libérale qui avait produit l’État libéral à son image : à son avis, le tournant vers l’État total manifestait la réapparition de l’unité politique sous la figure hégélienne de l’unification totalisante de la diversité sociale par l’État, c’est-à-dire la réintégration de la société dans et par l’État. Dès la période de Weimar, Schmitt affirmait ainsi une position qu’on peut qualifier de nationalraciste : selon lui, la communauté substantielle des amis rassemblée dans le cercle du même (Kreis des Gleichen), laquelle manifeste l’unité politique du peuple à l’époque moderne de la société de masse, a vocation à expulser ou anéantir l’hétérogène. On le voit bien : le cercle de la communauté du peuple fantasmée par Carl Schmitt est incommensurable au cercle d’une communauté tribale qui n’a pas connu le destin du développement des sociétés complexes et hiérarchisées. Par suite, le schéma de la guerre primitive n’est tout simplement pas transposable des communautés primitives aux sociétés complexes, et surtout pas dans le sens nationalraciste d’une guerre d’extermination totale.