Séquence introductive
Les sens du processus éducatif
S’agit-il d’enseigner la vérité et, donc, d’en transmettre le savoir doctrinal au risque d’en-doctriner les esprits immatures
ou bien, au contraire,
convient-il de cultiver la faculté de juger et de penser par soi-même pour préparer la jeunesse à affronter la vie civile et citoyenne avec une certaine autonomie?
extrait de la méthode d’analyse (de per turbas)
ou problématisation perturbatrice
La réflexion sur les sens différents d’un même terme, utilisé pour désigner divers phénomènes à analyser, ouvre la voie à la détermination de l’essence du phénomène en question. Cette méthode d’analyse ne présuppose aucunement, par principe, que l’essence rassemble les divers sens, divergents, par le miracle d’une réconciliation dialectique entre les positions contradictoires. Bien au contraire, la pensée critique part du principe, perturbant, qu’il faut assumer les contradictions sans prétendre les surmonter dans une sorte de résolution fictive du problème…
Apprendre la philosophie pour connaître la vérité (Hegel)
vs apprendre à philosopher pour former l’esprit à l’autonomie (Kant)
Le cours engage une réflexion sur le sens de l’apprentissage philosophique en confrontant les conceptions opposées de Kant et Hegel à propos de la finalité et de la méthode de l’enseignement de la philosophie. L’objectif de cette séquence introductive, à la fois rétrospective (par rapport à l’année passée) et prospective (pour l’année en cours), est double : au niveau formel, initier à la méthode d’étude et d’explication de texte, tout en construisant une dissertation en deux temps ; au niveau du contenu, fixer des repères (définitions de la substance, de la cause, etc.) et ouvrir à des problèmes qui seront traités au cours de l’année (vérité et illusion, liberté de penser, etc.).
I. explication du texte de Hegel
jusqu’à 28e minute!
L’étude de Hegel permet notamment de prendre connaissance de sa conception de l’histoire de l’esprit (universel) et de sa corrélation avec l’histoire de la philosophie : l’analyse de la progression dialectique entre les définitions cartésienne et spinoziste de la substance permet de reconstituer la déduction hégélienne de la notion de cause à partir de la substance.
Une digression conséquente est faite à propos de Spinoza dont la position éthique (mens idea corporis) est expliquée sur le fondement de sa conception de la substance acosmique qu'est la nature (deus sive natura).
[objection] N’y a-t-il pas un raisonnement unilatéral de la part de Hegel à se focaliser exclusivement sur l’objectif d’instruire en transmettant la connaissance théorique de la vérité (que l’histoire de la philosophie a permis de découvrir progressivement et dialectiquement au cours du temps)? Ne faut-il pas au contraire reconnaître l’objectif pratique de l’éducation qui est de former l’esprit critique et civique des jeunes gens en les exerçant à la réflexion personnelle pour leur permettre d’affronter les difficultés de la vie civile à venir en toute autonomie?
II. explication du texte de Kant
La progression de Hegel à Kant repose sur la problématique de la distinction entre théorie et pratique. L’analyse du texte de Kant dégage, au niveau théorique, la différence entre connaissances empiriques et a priori, l’opposition entre croire et savoir, etc. L’apport ultime de la séquence est de montrer la distinction décisive entre la compréhension d’une vérité évidente et le discernement critique d’une connaissance problématique : d’une part, la reconnaissance (Einsicht) d’une évidence intuitive ou déductive sur le modèle du raisonnement logico-mathématique ; d’autre part, la recherche personnelle sur la base d’une expérience relative qui forme à la vie civique (penser par soi-même pour agir en citoyen autonome). Comme l’opuscule sur les Lumières le montre, cela signifie “réformer la manière de penser” en cessant de se soumettre aveuglément aux autorités (spirituelles, médicales, etc.)