Kant (cc 2021)

Programmes de cours
(2015-2016)

La philosophie pratique de Kant : de l’éthique à la politique
(2016)

Ce cours se donne pour objectif d’exposer la philosophie pratique de Kant. Ce qui présuppose d’élucider la nécessité pour Kant de passer de la Critique de la raison pure (1781 vs 1787) à la Critique de la raison pratique (1788). Il faudra tout d’abord rendre compte de l’architecture du système kantien en éclairant ses concepts fondamentaux. À cette occasion, on expliquera notamment la distinction entre divers de la sensibilité, concept d’entendement et idée de la raison : ce qui permettra d’éclairer la construction de la première Critique (Esthétique vs Logique ; Dialectique). On se servira du dernier moment de cet ouvrage, la Doctrine transcendantale de la méthode, pour montrer que Kant propose en fait une vision métaphysique du monde qui appelle à sa réalisation pratique. Il s’agira dans un deuxième temps de montrer le travail kantien de fondation critique de la morale en s’appuyant sur les Fondements de la métaphysique des mœurs (1785) et sur la seconde Critique (1788) : on insistera sur la dichotomie entre la morale autonome que défend Kant et les morales hétéronomes qu’il rejette en s’appuyant sur la distinction entre l’impératif catégorique et les autres types d’impératifs. Dans un troisième temps, il sera possible d’étudier le corpus doctrinal de la philosophie pratique de Kant. Il conviendra de comprendre alors le sens de la composition binaire de la Métaphysique des Mœurs (1797-1798) qui donne à penser une politique du droit et une éthique de la vertu : ce sont les deux parties de l’ouvrage, la Doctrine du droit et la Doctrine de la vertu. L’éthique kantienne ayant déjà été exposée, on s’intéressera d’autant plus à la philosophie kantienne du droit qu’elle pose la question politique de l’application des principes intemporels du droit naturel dans le temps de l’histoire. Même si elle est au cœur de sa philosophie pratique, la place de la politique dans le système kantien est loin d’être claire. C’est que la pensée politique de Kant est partagée entre le point de vue factuel de la réflexion sur l’histoire et la perspective normative de la doctrine du droit. D’une part, le corpus doctrinal énonce les principes métaphysiques du droit qui fixent la norme intemporelle du juste. De l’autre, les textes historico-anthropologiques donnent à penser le processus naturel ou mécanique des interactions violentes (guerres et révolutions) qui président paradoxalement au progrès des lumières, à l’institution d’un état juridique entre les individus et à la pacification des relations polémiques entre les États. Entre droit et histoire, la politique aurait pour fonction de réfléchir sur les conditions empiriques de l’application des principes du droit dans une situation historiquement déterminée. Cette pratique politique pourrait bien répondre à la question de savoir ce qu’il est permis d’espérer. C’est du moins ce qu’il convient de montrer.

La politique de Kant entre droit et histoire
(2015)

Ce cours se donne pour objectif d’étudier la pensée politique de Kant. Même si elle est au cœur de sa philosophie pratique, la place de la politique dans le système kantien est loin d’être claire. C’est que la pensée politique de Kant est partagée entre sa réflexion sur l’histoire et sa doctrine du droit. On perçoit habituellement une oscillation entre des considérations de fait et de droit, voire une opposition entre le point de vue factuel de la réflexion sur l’histoire et la perspective normative de la philosophie du droit.

C’est ce qui amène à distinguer deux types de textes dans lesquels Kant rend publique sa pensée politique : des opuscules historico-politiques et des écrits juridico-politiques. Lyotard par exemple admet cette dichotomie dans L’enthousiasme (1986). Cette bipartition est néanmoins tout aussi commode que problématique. D’un côté, on aurait les opuscules sur l’histoire : la série commencerait en 1784 avec l’Idée en vue d’une histoire universelle dans un dessein cosmopolitique et la réponse à la question Qu’est-ce que les Lumières ? ; et elle se terminerait en 1798 avec la seconde section du Conflit des Facultés. D’autre part, on aurait le corpus doctrinal de la philosophie du droit qui se limiterait en fait à la Doctrine du droit (1796-97), première partie de la Métaphysique des Mœurs. Mais où placer l’essai sur Théorie et pratique (1793) et le traité kantien sur la Paix perpétuelle (1795) ? La seconde section de l’essai de 1793 et les articles définitifs du traité de 1795 énoncent les principes du droit public, alors que la troisième section de l’opuscule de 1793 et la première annexe de celui de 1795 traitent la question de la finalité à l’œuvre dans l’histoire. Pour sortir de la difficulté, il convient de penser la politique à l’intersection entre droit et histoire.

C’est l’hypothèse de travail : Kant aurait pensé une articulation entre droit, politique et histoire dont il faudra repérer les tensions. Les opuscules sur l’histoire donnent à penser le processus naturel ou mécanique des interactions violentes (guerres et révolutions) qui, paradoxalement, président au progrès des lumières, à l’institution d’un état juridique entre les individus et à la pacification des relations polémiques entre les États. Le corpus doctrinal énonce les principes métaphysiques du droit qui fixent la norme intemporelle du juste. Entre droit et histoire, la politique a pour fonction de réfléchir pragmatiquement aux conditions empiriques de l’application des principes du droit dans le temps historique.

On procédera de manière chronologique de 1784 à 1798 afin de préciser si la position de Kant a évolué au cours du temps, en particulier du fait de l’événement historique de la Révolution française de 1789. Ce qui permettra de comprendre la place centrale qu’occupe l’essai Vers la paix perpétuelle dans la conception kantienne de la politique.