Kant – un réformisme révolutionnaire

Cette étude, non publiée, est une somme dans laquelle ont été puisés les textes publiés entretemps.

Diagnostic politique de Kant
(2003 vs 2008)

Le diagnostic de la position politique que Kant a prise en son temps est étayé sur le diagnostic que Kant a lui-même proposé de son époque. Car le jugement kantien sur les événements et les situations de son temps s’articule à un jugement réfléchissant l’époque des Lumières. Le jugement de Kant en politique se distribue ainsi entre une doctrine du jugement déterminant de l’événement historico-politique, qui procède à partir de principes a priori du droit, et une doctrine du jugement réfléchissant sur l’époque, qui fait un usage régulateur de l’idée de développement naturel des dispositions vers leur destination. Contre la disjonction entre ces deux types de jugement, il s’agit de rétablir la corrélation entre le jugement de l’événement marquant de l’époque et le diagnostic de l’époque des Lumières, Kant jugeant autant de son temps à partir de l’événement de la Révolution française que de cet événement à partir de la reconnaissance du sens de son temps. Il s’agit de montrer comment la philosophie politique de Kant, comme métaphysique du droit, s’essaie à soutenir l’épreuve des faits dans l’interprétation qu’elle propose de l’événement de la Révolution française.

La philosophie de Kant en politique, c’est un alliage entre les principes intemporels de la métaphysique du droit et les maximes pragmatiques d’application de ces principes dans le temps, lesquelles réclament un diagnostic de la situation comme de l’époque. Comme la vision kantienne du monde a fait époque, son analyse du temps comme de l’événement qui l’a marqué s’avère être un signe du temps à analyser. C’est le propos du Diagnostic politique de Kant qui, tout en privilégiant par principe l’explication des textes rendus publics par Kant, se laissera éclairer par les réflexions marginales aux cours de Kant et par les travaux préparatoires à Théorie et pratique, à la Paix perpétuelle, au Conflit des Facultés ou à la Doctrine du droit, dont il n’existe aucune traduction en français. L’étude rendra une partie de ces textes accessibles au public français par de généreuses citations et introduira à leur lecture, en s’évertuant à résoudre au préalable la question méthodologique de leur signification d’ensemble dans le corpus kantien.

C. Ferrié, « La voix de la résistance (traduction commentée d’une réflexion de Kant) » (43 p.), Kairos, n° 24, Hegel, avant et après, F. Fischbach (dir.), Presses universitaires du Mirail, 2004, p. 65-108.