phusis

Comme l’atteste le grec physis, qui signifie naissance et croissance par nature, la nature est de prime abord vivante. Par nature, il faut entendre le complexe de la vie tel qu’il s’est constitué et organisé sur cette parcelle de l’Univers que l’humanité a appelé Terre, du nom de la surface que les êtres humains foulent. La nature est, pour les êtres naturels, le fait premier, et ce en tant que condition même de la possibilité physique ou naturelle de leur être au sein de la nature qui conditionne la vie des êtres vivants.

Les êtres humains n’échappent pas à cette loi fondamentale de la nature élémentaire de l’être naturel. Comme les autres êtres, les êtres humains sont effectivement en mouvement au sein de la nature qui leur donne l’énergie de vivre. La dynamique des mouvements proprement politiques de forces sociales (cf. polis) s’inscrit dans un mouvement plus général des groupes humains au sein de la nature elle-même en mouvement. Mais le développement exponentiel des activités humaines au sein de la nature, actuellement conditionné par un système de production capitaliste et productiviste à l’origine d’une société de surconsommation de biens périssables, provoque des effets dévastateurs au niveau primordial du milieu de vie, sacrifié sur l’autel du progrès. L’inscription des sociétés contemporaines au sein de la nature se traduit, à l’heure actuelle, par un processus de destruction du complexe de la vie sur Terre qui, sans commune mesure dans l’histoire, est pour part irréversible (épuisement de l’énergie fossile, réduction de la biodiversité animale et végétale, etc.) et pour part imprévisible (effet de serre).

Le diagnostic correct de la crise écologique à multiples facettes qui sévit à notre époque (p. 5) présuppose de reconnaître, au préalable, cette évidence élémentaire que la nature est le milieu de vie des vivants (p. 2), puis de constater ce fait historique que la culture a provoqué une mutation perturbante de l’animal humain (p. 3), de façon à pouvoir repérer l’antinomie du rapport socio-culturel à la nature à laquelle se trouve confronté le genre humain (p. 4). Ce qui correspond aux différents moments de l’esquisse présente d’une théorie critique de l’être “humain” au sein de la nature :

      1. la nature comme milieu de vie (p. 2) ;
      2. mutation de l’animal humain par la perturbation culturelle (p. 3) ;
      3. antinomie du rapport socio-culturel à la nature : prélever ou exploiter ? (p. 4) ;
      4. diagnostic de la crise écologique (p. 5).