ethos

le sens éthique

La manière d’être (ethos), au sein de la nature et du monde social, d’un être humain est déterminée par son inscription dans un milieu naturel et par son appartenance à un groupe (ethnos), lequel se distingue des autres groupes humains par les us et coutumes qui caractérisent, de manière singulière, sa manière de vivre ensemble. L’ethos individuel étant indissociable de l’ethos collectif, la logique sociale du don contre don (cf. societas), qu’il convient d’opposer à sa contradiction antisociale, est active tout autant au niveau éthique que sur le plan politique.

Comme pourraient l’attester des ouvrages aussi divergents que la Politeia de Platon et l’Éthique de Spinoza, éthique et politique se recoupent inévitablement en leur dimension commune. Mais, si l’optique est identique, l’échelle est différente : là où la politique prend le point de vue de l’ensemble social, la perspective éthique pratique une sorte d’individualisme purement méthodologique en envisageant le lien social à l’altérité à partir de l’individu, de façon à contredire la “morale” antisociale de l’individualisme. Pourquoi l’être humain devrait-il pratiquer une éthique du lien social ?

Il n’y aurait pas d’autre bonheur pour l’être humain que d’éprouver le plaisir de vivre au sein de la nature. Mais, pour positif qu’il paraisse, cet objectif éthique est confronté à l’altérité perturbante de l’adversité des autres êtres, animés et même inanimés. Face à cette adversité perturbante de l’altérité, l’être humain doit choisir entre deux options :

cultiver l’association et, donc, entretenir le rapport social à l’altérité en contenant la pulsion polémiste qui mine et lamine l’être humain…
ou
favoriser la dissociation et, donc, développer un rapport antisocial à l’altérité en intensifiant polémiquement le désir létal de confrontation dans le sens d’une destruction de l’adversité !

Avant de défendre une éthique du lien social qui cultive émulation et coopération pour conjurer concurrence et rivalité (p. 3), il convient de laisser le sens éthique rejeter moralisme et conformisme (p. 2).